AccueilFamilleDécèsLe marché des pompes funèbres est-il vraiment disruptible ?
spot_img

Le marché des pompes funèbres est-il vraiment disruptible ?

Ces dernières années, le secteur funéraire innove en proposant des services toujours plus personnalisés et numériques. Pourtant, outre ces innovations sans limites, la réelle innovation pourrait bien se trouver dans la façon même de gérer les sociétés de pompes funèbres.

Les innovations du secteur funéraire

Le marché des pompes funèbres propose de nombreuses innovations permettant notamment de prolonger la vie numérique des défunts après leur mort.

Lilian Delaveau, un jeune entrepreneur breton, a notamment inventé Requiem Code, une application de QR Codes qui, placés sur une plaque funéraire, permettent de diffuser un souvenir du défunt en réalité augmentée. L’objectif étant de personnaliser les tombes et de conserver un souvenir du défunt.

Une innovation qui divise puisque si pour certains cette application est un excellent moyen de garder un souvenir de son proche, pour d’autres cette application efface le recueillement personnel. Le professionnel du tourisme Jean-Pierre Nadir, est en parfait désaccord avec ce projet. Pour lui, chaque personne devrait pouvoir garder un souvenir différent du défunt.

À contrario, le fondateur de la start-up Feed, Anthony Bourbon, trouve que ce projet permet de bousculer le monde des pompes funèbres. Il a même investi dans ce projet à hauteur de 40 000 euros pour 25% du capital de la société.

L’objectif est de rendre la mort plus accessible aux innovations. D’ailleurs, Lilian Delaveau cherche à aller plus loin en imaginant une plateforme complète permettant la mise en relation entre les familles endeuillées et les entreprises compétentes. Cette marketplace permet notamment de décharger les familles des questions matérielles autour du deuil pour leur permettre de se consacrer à leur deuil et à leur famille.

Les pompes funèbres proposent dorénavant des services complémentaires innovants. A l’image des wedding planners, de plus en plus de services d’organisation d’obsèques font leur apparition. Le funeral planner est un intermédiaire qui entre en contact avec des professionnels de confiance susceptibles de gérer des obsèques selon les besoins et le budget de chaque famille.

Ce phénomène, appelé la death tech, représente un marché de niche qui a vu fleurir une vingtaine de jeunes pousses en France l’année passée. Toutefois, l’Australie, le Canada, les États-Unis mais aussi la Grande-Bretagne sont plus avancés en la matière. Les tombes connectées y sont d’ailleurs monnaie courante.

Certains entrepreneurs mettent également en place des projets à base d’intelligence artificielle pour prolonger la vie numérique des défunts et leur créer une « digital afterlife ».

Plusieurs projets digitaux sont apparus ces dernières années :

  • Création d’un chatbot conversationnel à partir de contenus publiés sur les réseaux sociaux
  • InMemori, une plate-forme de partage de photos, de vidéos et de messages des défunts dans un espace privé
  • me, une application lancée en 2019 à Angers, qui permet de regrouper, enrichir et transmettre les documents du défunt aux bénéficiaires par le biais d’une « boîte secrète » qui se débloque grâce à un code activé après le décès
  • Alanna, une plate-forme sociale permettant de créer des pages pour les personnes décédées, d’y renseigner leur vie et de connecter leurs proches
  • Divers autres services de gestion post-mortem ont été créés à l’instar de iProtego, Repos Digital, etc.

Le Covid a aussi joué un rôle dans la digitalisation du secteur funéraire. La pandémie a notamment permis le développement de nouveaux services en ligne comme le « village virtuel » où les familles peuvent poser toutes leurs questions liées au décès ou bien l’introduction d’outils de visioconférence dans les chambres funéraires pour être présent malgré la distance ou l’impossibilité de se déplacer par exemple.

Les innovations peuvent aussi concerner d’autres aspects :

  • Les urnes imprimées en 3D en plastique ou en matière biodégradable sont de plus en plus répandues car celles-ci peuvent être imprimées dans des formes diverses (cœur, ballon, oiseau, etc.) et donc représenter quelque chose pour le défunt
  • Le financement participatif des obsèques par une cagnotte en ligne pour permettre aux proches d’un défunt de financer ses obsèques
  • L’assistance aux démarches administratives (résiliation des abonnements, clôture de comptes bancaires, etc.)
  • L’achat de tombe en ligne
  • Les services d’entretien des tombes à distance (forfait nettoyage, fleurissement des tombes, etc.)

Les coopératives funéraires, une façon éthique d’aborder ses obsèques

Bien que novateurs et personnalisés, ces différents services représentent un coût non négligeable.

À l’heure où les pompes funèbres sont dans le collimateur des associations de défense des consommateurs pour leur opacité tarifaire notamment, la réelle innovation réside peut-être aussi dans la façon de considérer les pompes funèbres.

Les coopératives funéraires en sont un parfait exemple. Ce modèle à contre-courant repose sur le respect des volontés du défunt et de l’écoute de chacun. Ces coopératives, démocratiques, éthiques et solidaires, sont détenues par les salariés, les associations, les entreprises sociales et solidaires ou bien même les particuliers faisant appel à leurs services.

De plus, cette gestion désintéressée permet de réduire les tarifs proposés aux clients. En effet, les tarifs proposés servent uniquement à couvrir les frais et à développer la coopérative mais aucunement à faire des bénéfices. Le cœur de ces nouvelles agences de pompes funèbres, c’est l’écoute et l’accompagnement.

Le respect de l’humain est un principe fondamental pour les coopératives funéraires. La Coopérative Funéraire, l’agence de pompes funèbres à Nantes Carquefou, le confirme « les conseillers funéraires ne sont pas des commerciaux mais des accompagnants qui ont pour mission d’aider les familles à faire des choix funéraires éclairés et à l’image du défunt ».

Encore peu développées en France, ces coopératives pourraient pourtant bien être une alternative responsable à envisager pour des obsèques personnalisées et éthiques.

La disruption n’est sans doute pas dans le produit, mais dans le service « sur-mesure ». Notre mort le vaut bien, non ?

Mettre une note à ce post
Ça peut vous intéresser

Articles populaires

Commentaires recents